Du 28 au 30 juin 2022 s’est tenu à Djilor, un atelier de réflexion de la DyTAES pour élaborer une stratégie de plaidoyer sur l’eau productive pour les exploitations familiales dans le bassin arachidier.
Cet atelier, facilité par le projet Yessal Sunu Mbay financé par la CEDEAO, a réuni une vingtaine d’expert-e-s de l’eau de l’Université de Bambey, de la Direction de la Gestion et de la Prévision des Ressources en Eau (DGPRE), du Pôle Eau de Dakar, des ONG de la DyTAES (Gret, Eclosio, Enda Pronat, CARITAS, Agrisud International), de l’Union des Groupements Paysans de Mékhé, du Partenariat National de l’Eau du Sénégal (PNES), de la Direction de la Protection des Végétaux (DPV), du Centre d’Etude Régionale pour l’Amélioration de l’Adaptation à la Sécheresse (CERAAS) de l’ISRA
Pour rappel, l’État a engagé la délégation de gestion du service public de l’hydraulique urbaine depuis 1996 consolidé par la réforme du sous-secteur de l’hydraulique rurale au Sénégal[1] impulsée depuis 2014 par la création de l’Office des forages ruraux (OFOR). Chargée d’organiser la gestion de l’alimentation en eau potable, OFOR a confié à des entreprises la gestion des forages ruraux, auparavant assurée par les ASUFOR. Ainsi, les communautés locales ne sont actuellement pas prises en compte dans le dispositif de gouvernance de l’eau.
Force est de constater qu’en dépit de cette réforme, de nombreux problèmes subsistent dans l’accès des populations rurales à l’eau. En effet, dans un contexte où l’eau a un prix élevé pour les exploitations familiales et la modalité de paiement mensuel de sa facture non conforme au flux de trésorerie saisonnier des producteurs-trices, se pose la question de l’équité des différents usagers dans l’accès aux services eau.
Pourtant, les experts sont formels : le système aquifère profond qui regroupe les horizons du Maastrichtien, du Campanien et du Sénonien inférieur et, s’étend sur la quasi-totalité du bassin sénégalais. Il constitue un immense réservoir dont les réserves sont estimées entre 300 et 400 milliards de m³ (DGPRE).
La principale contraintepour l’accès des exploitations familiales à l’eau productive réside dans la mobilisation des moyens pour réaliser les investissements nécessaires pour atteindre la nappe profonde (200 m) avec un maillage équitable des forages dans les territoires. Il s’agira également d’adopter des solutions basées sur la nature pour la réalisation d’autres types d’ouvrages de rétention de l’eau de surface (collecteurs de l’eau de pluie, bassins de rétention, infiltration de l’eau de pluie pour la recharge des nappes, etc.)
Pour pallier aux contraintes soulevées, le groupe a proposé de :
- revoir la politique globale de l’eau en adoptant une approche intersectorielle qui implique les différents ministères concernés (agriculture, élevage, environnement,…) et des représentants des différents types d’usagers, en particulier des exploitations familiales ;
- y inclure la prévision et planification de la ressource et des investissements à réaliser en partant de bilans hydriques, de la cartographie des ouvrages existants et de l’évaluation de leur rentabilité par rapport à la productivité agricole ;
- privilégier une approche territorialisée en impliquant les populations dans la gouvernance de la ressource eau à travers la mise en place de Plateformes Locales de l’Eau adossée aux unités de gestion territoriale du Plan d’Action pour la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (PAGIRE) ;
- accompagner les exploitations familiales et autres usagers pour une gestion durable de l’eau et économe en énergie.
Après trois jours de travaux intensifs, le groupe est parvenu à élaborer un premier document de stratégie de plaidoyer pour améliorer l’accès des exploitations familiales du bassin arachidier à l’eau productive. Parmi les premières actions envisagées figure le partage de ce document avec les membres de la DyTAES et de ses partenaires, pour affiner la stratégie et en assurer un portage collectif.