Fair Sahel: Les agriculteurs de Koussanar au coeur d’une transition agroécologique expérimentale et participative

Fair Sahel : Les agriculteurs de Koussanar au cœur d’une transition agroécologique expérimentale et participative

Les producteurs et tous les acteurs et actrices du développement rural des communes de Koussanar et de Ndoga Babacar, dans le département Tambacounda, ont accueilli les équipes de recherche du projet Fair Sahel lors d’un atelier participatif sur les pratiques agroécologiques, du 12 au 15 Septembre 2023. Il était ici question de discuter avec les producteurs sur l’effet de pratiques d’associations céréale/légumineuse et de fertilisation organique par une appréciation quantitative (densité, hauteur, niveau de développement végétatif) et qualitative (niveau des attaques parasitaires et maladies) des différents traitements.

Crédit photo : Raphael Belmin

Cette activité a été organisée par une équipe du projet Fair Sahel composée de chercheurs et experts de l’ISRA, du CIRAD, de ENDA PRONAT, l’AVSF, tous membres de la DyTAES. Elle a démarré avec une visite des champs expérimentaux du projet installés dans les villages de Ndiaback Samba, de Ndiaback et de Katop situés dans les communes de Koussanar et de Ndoga Babacar.

L’atelier qui a enregistré plus d’une quarantaine de participants (Organisations paysannes, Dtyael Tamba, acteurs et actrices des filières des intrants, fabriquant d’équipement, conseillers agricoles et ONG) a permis d’apprécier et d’orienter de manière participative les pratiques culturales des producteurs qui expérimentent la transition agroécologique.

« Cette étude a commencé en 2021 par un diagnostic agronomique. L’idée était de voir quelles étaient les difficultés que rencontraient les producteurs. Nous avons réfléchi ensemble sur les leviers techniques et organisationnels à mettre en place pour dépasser ces contraintes liées à la fertilité des sols et à la faible diversité cultivée. C’est en essayant d’y apporter des solutions que nous avons abouti en 2022 à la définition des idéotypes. » Précise Mountaga Mboh, Chercheur au CIRAD et organisateur de cet atelier dont la thèse sera alimentée par ces résultats.

 
Les équipes du projet dans le champ central de l’ISRA, à Ndiaback Samba (avec Mountaga Mboh au centre, à droite) / Crédit photos : Raphael Belmin (CIRAD-ISRA)
Crédit photo : Raphael Belmin

Le dernier atelier mené avec les producteurs en 2022 a abouti à la conception de modèles de culture répondant à la problématique d’intensification agroécologique des systèmes de production, en particulier via la gestion de la fertilité et de l’enherbement dans les champs de brousse, mais aussi l’augmentation de la diversité cultivée. Il ressort de ces modèles d’agriculteurs trois idéotypes :

  • « Paresseux » qui repose sur la gestion de la fertilité et de l’enherbement des champs de brousse avec une faible intensité de travail avec du parcage, des associations et rotations culturales, de la jachère améliorée et la RNA et de la mécanisation ou la sous-traitance des opérations de sarclage.
  • « Motivé » reposant sur la gestion de la fertilité et de l’enherbement des champs de brousse avec une forte intensité de travail avec de l’ajustement des surfaces emblavées aux capacités de travail de l’exploitation, des apports de fumier et des associations ou rotations culturales et des sarclages soutenus.
  • « Expérimentateur » qui repose sur le remplacement partiel de l’arachide par des systèmes diversifiés reposant sur de nouvelles rotations et associations culturales avec la plantation d’arbres pourvoyeurs de services écosystémiques et le développement de niches de marchés rémunératrices. Cet idéotype est surtout pratiqué par les agricultrices.

Mariama Diallo, une productrice du Village de Ndoga Babacar dont le type d’agriculture répond au prototype « Motivé » avec une association mil/soja Crédit photo : Raphael Belmin

Il ressort généralement de cet atelier que l’association céréale/légumineuse et la fertilisation organique des champs garantissent davantage de bonnes récoltes.

« Cet atelier est le 3e du genre auquel j’ai participé. Les connaissances acquises ici m’ont permis de retourner vers nos pratiques ancestrales en prenant en compte le respect de la nature et en évitant les biopesticides. Je suis convaincu que l’on peut atteindre l’autosuffisance alimentaire au Sénégal avec l’agroécologie. » Ajoute Amadou Souaré de « Yakaar Niané Wouly », une fédération d’organisations paysannes qui regroupe tous les agriculteurs de la zone.

Une session sur l’identification des conditions organisationnelles et institutionnelles favorables à la mise en œuvre de ces idéotypes et de leur intégration dans une dimension territoriale a été menée, au dernier jour de l’atelier, permettant d’aborder avec la DyTAEL la problématiques des semences subventionnées et l’accès aux intrants.

Il ressort généralement de cet atelier que l’association céréale/légumineuse et la fertilisation organique des champs suivant les normes agroécologiques garantissent davantage de bonnes récoltes.

Pour rappel, le projet FAIR Sahel est co-financé par l’Union européenne (UE)et l’Agence française de développement (AFD) qui couvre Burkina Faso, le Mali et le Sénégal. Au Sénégal, le lead est assuré par l’ISRA.

Photo de famille avec tous les participants au CEDAF de Koussanar
Crédit photo : Mohamed Babacar Ndiaye-Yikini (ISRA)
Auteur article : Oumar Lo ISRA-BAME 

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